samedi 11 mai 2013

Stoker ( Park Chan-Wook - 2013)


Stoker, un hommage à Hitchcock ? On peut l’affirmer sans conteste, même si la manière de filmer et de traiter une intrigue policière est radicalement différente entre le pygmalion du film à suspense et son élève sud-coréen.

On pourra notamment apprécier les différents clins d’œil qui nous rappellent à l’œuvre du maître : La scène de la douche (Psycho), les champs de maïs (La mort aux trousses.) La référence la plus soutenue étant bien évidemment celle faite au film de 1943 : L’ombre d’un doute. Park Chan-Wook ne se contente d’ailleurs pas de s’en inspirer, il se l’approprie littéralement pour nous en livrer soixante-dix ans plus tard une version totalement inédite et survoltée dans laquelle on retrouve un « oncle Charlie » qui nous apparaît plus mystérieux, plus envoûtant et bien plus inquiétant que l’original. Mais la ressemblance s’arrête ici, car l’auteur de Sympathy for Mister Vengeance a su se saisir avec simplicité de la situation initiale du film d’Hitchcock pour ensuite s’en écarter radicalement.

Par ailleurs, Park Chan-Wook se révèle prodigieux dans sa maîtrise de l’image. Certains seront sans doute déçus par le manque de frénésie de la caméra (mouvements qui nous avaient énormément séduits dans Old Boy), mais ceci sera amplement rattrapé par le travail sur les formes et les couleurs ainsi que par l’efficacité du réalisateur pour capturer la beauté sur l’ensemble des éléments qui constituent le film. Les images récurrentes, telles que les sphères du jardin, reviennent hanter la pellicule à plusieurs reprises (par le biais des balles de tennis, la boule qui roule entre les pattes du bousier.) Ce sont tous ces petits détails qui sont là pour rappeler l’omniprésence du cinéaste. Rien n’est laissé au hasard. Les yeux de tous les protagonistes apparaissent sans cesse en gros plans : beaux ; vitreux ; brillants comme des Agathe. Cette fixation sur le regard accentue le climat de suspicion quasi-général dans lequel baignent les personnages. Tout le monde s’observe. Chaque personnage jauge les forces chez celui qu’il a en face avant de se décider à passer à l’offensive. Jeu de manipulation, rapports érotiques consanguins, aliénation et brutalité… Pas de doute, on se retrouve bien avec les thèmes de prédilections du réalisateur asiatique. L’ambiance du film est glaciale, pénétrante, terrifiante, dérangeante, envoûtante  déstabilisante… La violence et la folie inscrites dans les gènes de la famille Stoker, véritables Rougons-Macquarts des temps modernes, guident leurs pas vers une issue dramatique et inévitable. Au final, Stoker se révèle donc plus proche de l’univers de Zola que de celui d’Hitchcock, et la question de l’identité en est l’une des principales clefs. Le questionnement de la jeune India Stoker sur l’héritage qu’elle tient de sa famille nous rappel clairement les errances existentielles de Jacques Lantier, le héros de La bête humaine.

On retiendra enfin l’ambiance lancinante de ce hui-clos brossé au vitriol. À chaque instant on aura eu l’impression de basculer d’une piste à une autre pour finir par comprendre que ce qui se trame nous échappe totalement. Entre rêve morbide et réalité hallucinée, difficile de savoir si le personnage de l’oncle Charlie est réel ou s’il s’agit d’une création issue d’un esprit dérangé. Dualité, schizophrénie, ambivalence, tout est là dans le caractère des personnages comme dans les relations qu’ils entretiennent pour déstabiliser le spectateur. Le doute qui s’installe et les évidences qui semblent sans cesse être remises en question n’ont pas fini de nous perdre. Deux types de relations marquent ainsi le triangle amoureux et incestueux qui unit la fille, la mère et l’oncle. Le rapport dominant-dominé symbolisé par la chasse, mais surtout l’interdépendance des personnages entre eux ; l’oncle, qui s’est créé au fil du temps tout un univers gravitant autour de sa complicité avec une nièce qu’il n’avait alors jamais rencontré ; la mère, dont la dévotion pour ce beau-frère arrivé de nul-part révèle clairement sa crainte de vivre seule ; Et enfin la fille. C’est sans aucun doute le personnage principal du film, celui qui va se retrouver au centre de toutes les attentions et qu’on va voir évoluer. Frigide dans un premier temps, elle va découvrir le désir charnel au travers des différentes approches de son oncle. Au contact de ce dernier, India va alors progressivement se défaire de ses chaînes pour découvrir enfin qui elle est réellement. Comme dans une aventure initiatique, on va observer notre protagoniste dans son passage de l’état de petite fille discrète et complexée à celui de femme fatale qui assouvi librement ses envies de violence et de meurtre. Comme le suggère l’image de l’araignée qui monte en elle tout au long du film, la jeune fille se transformera alors de plus en plus à une veuve noire jusqu’à ce que la bête se soit entièrement emparée de l’enfant.


mardi 18 mai 2010

Tokyo decadance (Ryu Murakami - 1991)

A première vue, L’œuvre de Ryu Murakami met en avant les abjectes déviances sexuelles de la population nippone. En effet, la nouvelle génération de cette nation à la fois castratrice et pudique s’est révoltée contre les valeurs patriarcales pour assumer de plus en plus ouvertement ses penchants pervers et amoraux (sadisme, exhibitionnisme, fétichisme, nécrophilie, scatophilie.). Mais l’auteur-réalisateur ne fait pas pour autant l’apologie de cette décadence dans le simple but de provoquer, mais au contraire pour mettre les Japonais en face de leur propre disgrâce.

Aï, l’héroïne de ce film, est une prostituée se retrouvant à plusieurs reprises spectatrice taciturne de la déchéance de la société Japonaise. Par ailleurs, Ryu Murakami utilise l’absurde et le vulgaire afin de révéler la dualité propre à la faune tokyoïte. Cette ambivalence sera alors présente dans toutes les scènes du long métrage. Afin de symboliser ce constat, le principal protagoniste est représenté par une femme belle, douce et discrète se retrouvant avilie par une succession de situations dégradantes. De même, les clients affichent ouvertement leurs facettes névrotiques en révélant leurs fantasmes pervers et humiliants, mais finissent toujours par faire preuve d’humanité en restaurant la dignité de la femme.

Tokyo decandence, présente les affres de la solitude ainsi que le sentiment d’aliénation imposé par la société. Pour introduire le spectateur dans cette fresque, le premier acte présente à la fois Aï dans une position d’esclave, ce qui souligne le dépouillement des libertés individuelles, tout en donnant la clef de toute entente avec son prochain: La confiance. Pour finir, ce film cristallise les rapports humains selon certaines hiérarchies omniprésentes (dominant-dominé, maitre-esclave, client-fournisseur) bien plus direct et honnêtes dans le domaine du privé. Car, et c'est là le point d'ancrage de la réalisation de Murakami, les relations sont strictement identiques en société, à la différence prés qu'elles sont travesties sous couvert de décence. Le réalisateur essaye donc de responsabiliser le spectateur en le guidant à travers une réflexion sur lui-même et son rapport aux autres!

lundi 19 avril 2010

l'éternité et un jour (Théo Angelopoulos - 1998)

Spleen d’un auteur enlisé dans les vicissitudes de la vie, Angelopoulos tente d’extraire l’homme de son enveloppe d’artiste afin de pouvoir le restituer au monde. Alexandre, confronté à sa propre vie, découvre alors une existence vidée de toute sa matière. Dans cet environnement dénué de tout artifice, la solitude et les affres du futur constitueront l'essentiel de l’univers du protagoniste.

Pourtant, malgré la vacuité existentielle du principal personnage, c’est une œuvre d’une rare richesse qui nous est offerte. En effet, « L’éternité et un jour » est une véritable leçon de poésie où la beauté déchire la grisaille omniprésente pour s’infiltré tout au long du film. Esthétiquement époustouflant, le réalisateur s’appui sur une myriade de thèmes aussi variés que la quête d’identité, l’amour et le désarroi pour donner à son œuvre une incroyable consistance. A la fois intimes et communs, les axes de réflexion de l’homme-artiste bascule souvent de l’introspection à l’observation du monde. Par ailleurs, ce long-métrage constitue une mise en abime dans laquelle l’art observe l’artiste dans son incapacité à créer. Par-delà l’imagination, c’est dans la communication que réside l’obstacle empêchant le poète d’accomplir son œuvre.

Alexandre croisera alors le chemin d’un jeune immigré qu’il s’évertuera à aider par tous les moyens. Au cours des avatars de notre couple de personnage nous serons ainsi immergés dans une vision humaniste et poétique de la vie.

Soulignons pour finir la merveilleuse beauté de ce film. L’image des observateurs inertes se tenant derrière les grillages lors du passage à la frontière, et semblant évoquer une partition musicale, est une image récurrente dans ce film. En effet, à de nombreuses occasions (le mariage, la morgue.) la même image apparait mettant en scène un jeu de miroir qui place le spectateur face à lui-même. Par ailleurs, au cours d’un merveilleux plan séquence déplaçant le récit un siècle plus tôt, Angelopoulos offre par cette continuité une incroyable harmonie au récit d’Alexandre. Le point culminant du film étant porté enfin par la mythique et mystique scène du bus. Ce choix est d’autant plus astucieux qu’il symbolise parfaitement le déplacement dans le temps et dans l’espace commune à l’ensemble des œuvres du septième art ! L’autobus va alors s’apparenter à une salle de cinéma dans laquelle Alexandre va prendre à son tour la place du spectateur et assister à un enchainement de scènes où s’enlaceront le passé et le présent, le rêve et la réalité, révélant différentes facettes du réalisateur (le révolutionnaire, l'amoureux, l'artiste.).

lundi 5 avril 2010

Home from the hill (Vincente Minnelli - 1961)

Constituant indéniablement une réflexion sur les valeurs parentales, ‘’Home from the hill’’ présente la perversité et les vices, indissociables de l’humanité, tout en soulignant leurs conséquences. Du cadre formé par la famille bourgeoise autour de laquelle s’articule l’histoire, il ne transparait plus que les lambeaux d’un bonheur révolu. Le père présenté comme infidèle et manipulateur, souille l’honneur de sa famille tout en affichant une profonde aversion envers tous les siens. De son coté, la mère s’approprie l’exclusivité de l’éducation de son fils et le surprotège. C’est dans cette ambiance délétère que Théron, adolescent jusqu’ici bloqué à l’enfance, va se retrouvé projeté vers l’âge adulte avec comme seuls modèles les déchirements de la cellule familial.

La vie nous est alors présentée comme une joute perpétuelle nous opposant à la cruauté du monde, mais surtout à nos propres démons. En effet, la transition menant le jeune Théron à la maturité est symbolisée dans ce film par une partie de chasse épique durant laquelle il devra affronter ses propres faiblesses en se mesurant à un sanglier particulièrement féroce.

Par ailleurs, Vincente Minnelli semble vouloir nous révéler que la nature farouche de l’homme se révèle dans la solitude. Les principaux protagonistes de ce film, isolés à causes de leur incapacité de se comprendre entre eux, se révèlent alors lunatiques, égoïste, tyranniques, méprisant, peureux… Pourtant ceci n’est qu’une facette dissimulant le découragement qui accompagne un réel désir de bonheur et d’amour.

Pour finir, “Home from the hill” tangue opiniâtrement entre optimisme et pessimisme. En effet, le réalisateur semble jouer un jeu cruel en insufflant à plusieurs reprises une lueur d’espoir à ses protagonistes, afin de la balayer l’instant d’après comme on soufflerait sur la mèche d’une bougie salvatrice. La promesse fugace d'une fin heureuse aboutira à un nouvel échec, car la réconciliation inespérée des parents sera aussitôt éclipsée par l’assassinat du père, plongeant inexorablement l’ensemble des personnages dans un nouvel abîme.

dimanche 14 mars 2010

Liberté (Tony Gatlif - 2010)



Ce long-métrage réalisé par Tony Gatlif propose une nouvelle fois les tribulations du peuple tzigane, mais cette fois-ci sous le régime de Vichy. Le décor choisis, outre son intérêt en tant que témoignage historique, est un choix d’autant plus astucieux qu’il permet de dépeindre de façon saisissante le rapport à la liberté chez les gens du voyage.

En effet le voyage comme vecteur de liberté est un principe vital pour ce peuple qui se voit imposer une vie de sédentaire sous le gouvernement de Pétain. Le premier sentiment qui s’abattra sur les protagonistes sera l’incompréhension. Incompréhension de se retrouver victime d’une guerre qui ne les concerne nullement, incompréhension de l’antipathie qu’ils font naitre chez les autres, et enfin l’incompréhension du dérangement qu’ils génèrent en vivant en marge. S’ensuivra alors un désir de révolte, dévorant mais irréalisable, à l’égare de la dictature liberticide qui s’abat sur eux.

Ces personnages charmeront enfin par leur simplicité, leur générosité, et surtout – d’un point de vue personnel – pour leur parfait décalage avec la civilisation, ce qui donnera l’occasion de sourire sur certaines réactions comiques. Pour finir la musique, indissociable à ce peuple, se mariera langoureusement aux images produisant un merveilleux tableau aussi envoutant que bouleversant.

jeudi 4 mars 2010

Le feu follet (Louis Malle – 1963)




Tout l’intérêt du film réside dans le désespoir de son protagoniste. Isolé durant sa cure de désintoxication à l’alcool, Alain Leroy se rendra à Paris pour espérer renouer les liens avec ses anciens amis. Pourtant tous ont évolué et personne ne partage l’angoisse perpétuelle dans laquelle baigne la vie du personnage principal.
A travers leurs épanouissements feints, les différents compagnons n’offrent en réalité à Alain Leroy qu’un simulacre insipide de bonheur. Perçut comme une résignation à accepter l’absurdité de l’existence, la vie des autres confortera alors le protagoniste dans ce sentiment d’être un réceptacle creux errant dans les méandres d’un monde peuplé de fantôme. Le problème c’est de tisser des liens avec le monde et surtout de trouver un sens à l’existence, ce qui fait défaut au héro. Enfin, le seul lieu de fuite facilement abordable qui s’offrira à Alain Leroy sera donc la mort, dernier rempart permettant de se détacher des affres de la vie.

lundi 1 février 2010

A serious man (Joel et Ethan Cohen - 2010)


A serious man constitue l’œuvre la plus personnelle des frères Cohen. A travers cette dernière, ils s’immergent sans retenu dans leur courant philosophique favoris : Le nihilisme.
Antagoniste à Pi, - la réalisation à travers laquelle Darren Aronofsky soutenait que tous les mystères de l’univers pouvaient être explicables par une formule mathématique - Les frères Cohen décrètent que rien n’a de sens. Ce film s’apparentera alors à une version édulcorée du subversif « Les infortunes de la vertu » du Marquis de Sade, tant les malheurs s’acharnant sur ce père de famille se joue de toute morale judéo-chrétienne. Pour soutenir ce constat, les réalisateurs s’appuient sur la métaphore du chat de Schrödinger, symbole du non-sens, de l’incertitude absolue, bref de l’incohérence. Alors nous assisterons à une litanie de situations burlesques dont Larry Gopnik sera l’infortunée victime. On retrouvera enfin le fatalisme de l’échec cher à Louis-Ferdinand Céline, ce qui finira d’asphyxier littéralement le héro du film dont la sérénité se dérobera progressivement. Et trouvera-t-il une réponse à ses malheurs ? Non bien entendu, cela est impossible car aucune institution n’échappe au nihilisme ! Ce film est donc un capharnaüm indéchiffrable : A l’image de la première scène présentant le meurtre d’un homme suspecté d’être un « vampire », mais dont on ne saura jamais le fin mot de l’histoire, puisque les Cohen nous régal d’une ellipse d’un siècle pour nous transporter dans une Amérique contemporaine en compagnie de nouveaux personnages. Pour finir, il s’agit d’un film marginal dans la carrière des deux frères, mais on y retrouvera bien évidemment le second degré dont les Cohen sont devenus des virtuoses.

dimanche 24 janvier 2010

Les raisins de la colère - Steinbeck



les raisins de la colère se gonflent et murissent,
 annonçant les vendanges prochaines

- Steinbeck -

A l’instar des personnages du roman « Des souris et des hommes », Steinbeck s’intéresse à nouveau à des hommes peu cultivés, en quête de lendemains meilleurs. Les avatars des Joad, présentés dans un style poétique, nous offrent une odyssée peignant la lutte des roturiers contre l’opprobre, le harcèlement et l’esclavage. Il s’agit de présenter une analyse poignante des vicissitudes accompagnant l’évolution d’une société libérale. Steinbeck puise dans la psychologie humaine pour en distiller le mécanisme, et ainsi éclabousser tous les acteurs de ce tableau. Il explique comment l’égoïsme et l’attrait du profit avili les puissants, lesquels rusent pour aliéner les travailleurs précaires. On distinguera aussi l’incompréhension des pauvres devant le machiavélisme dont ils sont victimes. La transformation de la crainte en mépris, ou parallèlement la solidarité qui se déploie chez les malheureux.

Loin d’une vision impartiale, Les raisins de la colère permet à son auteur de crier que l’homme doit vivre dignement, et qu’il doit avoir les mêmes droits quelque soit sa classe sociale. Enfin Steinbeck se révèle être un ardent humaniste qui crois fermement en la bonté de l’homme (ce qu’il met en scène à de nombreuses occasions), ainsi qu’un anarchiste potentiel qui devine l’homme apte à s’autogérer. Il semble pourtant désespéré de voir l’homme subir une litanie d’humiliation sans toute fois oser se révolter !

dimanche 10 janvier 2010

La grande bouffe (Marco Ferreri, 1973)


Ce spectacle, peinture de la décadence du monde civilisé se laissant engloutir par les plaisirs charnels, permet à Marco Ferreri de dresser un portrait caricaturale de l’homme moderne. C’est en effet sous les traits de pécheurs, immoralistes et libertins, qu’apparaissent les principaux protagonistes de cette métaphore. Plus encore, ce « vaudeville au vitriol » souille sans état d’âme les valeurs chères à l’occident en exhibant ces hommes aux mœurs légères qui ne témoignent d’aucun respect pour la monogamie ou encore la dignité humaine. Ainsi le personnage de Philippe (Philippe Noiret) reste inflexible. Malgré l’humeur scandaleusement libérée d’Andréa (Andréa Ferréol) il ne renoncera pas au mariage qu’il lui a promit. Le principal c’est le plaisir, rien d’autres n’a d’importance. C’est pourquoi les personnages affichent un comportement carpe diem exacerbé à l’outrance.

Par ailleurs l’œuvre est bâtit sur un parfait non-sens à l’image de cette autre citation de Philippe :
- Mange, sinon tu ne pourras pas mourir. Ce qui s’assimilerait comme étant une antinomie au vu des problèmes de sous alimentation connu comme un véritable fléau dans le tiers-monde. C’est dans la joie qui transparait sur les visages et dans les faits du groupe d’amis, réuni pour se donner la mort, que règne l’incohérence de cette fable.

Pour conclure, cette œuvre ne semble avoir qu’une finalité : Provoquer le croyant pour qu’il ne puisse plus détourner les yeux des démons qui le tourmentent. Et tant pis si il faut se moquer des valeurs judéo-chrétiennes pour en révéler l’hypocrisie. « Mieux encore », ce film fait l’apologie du péché (gourmandise, luxure) et affiche un profond mépris à l’égare de la religion (le mariage auquel tient tant Philippe malgré l’adultère). Ferréri cherche donc à détruire à grand coup de burlesque les fondements de la religion catholique pour atteindre enfin la LIBERTE ! Car il ne faut pas en douter, la grande bouffe est une parodie habile de la Cène. Ferréri semble nous dire :
- Si j’avais été Jésus, aux portes de la mort, j’aurais aimé mourir par le péché !

vendredi 23 octobre 2009

Les noces rebelles (Sam Mendes – 2008)

L’auteur de l’excellentissime "American beauty" explore une nouvelle fois, à travers ce long-métrage, ses thèmes de prédilection: La vie de couple, la quête du bonheur, le rapport au travail.
Sam Mendes aborde avec beaucoup de maturité ces différents sujets. En effet, ce n’est pas une sinécure de mener une existence heureuse, surtout lorsqu’une vie conjugale nous pousse continuellement à faire des concessions. L’harmonie du foyer se dissous lentement, et c’est un climat toxique qui vient se répandre graduellement autour des deux protagonistes. Chacun cherchera alors une issue pour fuir le désespoir ambiant qui semble flotter, comme indélébile, sur cette vie. Frank s’accrochera aveuglément à la moindre brèche lui permettant de fuir (l’adultère, le mensonge, le travail). De son coté, April tentera d’imposer un projet qui permettrait au couple de changer radicalement de vie. C’est justement l’antagonisme entre ces deux approches du problème qui rend ce film passionnant ! En effet, c’est la peur du changement qui pousse Frank à renier ses propres idéaux et à trahir ses sentiments. Parallèlement, April refuse de mettre en péril son couple et son bonheur au profit du "confort" que procure une vie stable et tracée d'avance.
C’est alors à travers un combat opposant l’ambition à la soumission que vont s'affronter les deux amants. Loin d’une vision manichéenne de la vie, comme la présente Roy Anderson dans "monde de gloire", Sam Mendes tente de démontrer que le monde offre toujours différents échappatoires à qui refuse de s’enliser dans la monotonie. Aussi, il est toujours possible de renier l’inertie et la fatalité. Il suffit alors de faire preuve de détermination.
Enfin, le drame du film semble être une alarme déclenchée par le réalisateur (ou le scénariste) pour nous avertir que l’accablement ne peut mener qu’à une fin malheureuse, et qu’il est impératif de réagir!