vendredi 23 octobre 2009

Les noces rebelles (Sam Mendes – 2008)

L’auteur de l’excellentissime "American beauty" explore une nouvelle fois, à travers ce long-métrage, ses thèmes de prédilection: La vie de couple, la quête du bonheur, le rapport au travail.
Sam Mendes aborde avec beaucoup de maturité ces différents sujets. En effet, ce n’est pas une sinécure de mener une existence heureuse, surtout lorsqu’une vie conjugale nous pousse continuellement à faire des concessions. L’harmonie du foyer se dissous lentement, et c’est un climat toxique qui vient se répandre graduellement autour des deux protagonistes. Chacun cherchera alors une issue pour fuir le désespoir ambiant qui semble flotter, comme indélébile, sur cette vie. Frank s’accrochera aveuglément à la moindre brèche lui permettant de fuir (l’adultère, le mensonge, le travail). De son coté, April tentera d’imposer un projet qui permettrait au couple de changer radicalement de vie. C’est justement l’antagonisme entre ces deux approches du problème qui rend ce film passionnant ! En effet, c’est la peur du changement qui pousse Frank à renier ses propres idéaux et à trahir ses sentiments. Parallèlement, April refuse de mettre en péril son couple et son bonheur au profit du "confort" que procure une vie stable et tracée d'avance.
C’est alors à travers un combat opposant l’ambition à la soumission que vont s'affronter les deux amants. Loin d’une vision manichéenne de la vie, comme la présente Roy Anderson dans "monde de gloire", Sam Mendes tente de démontrer que le monde offre toujours différents échappatoires à qui refuse de s’enliser dans la monotonie. Aussi, il est toujours possible de renier l’inertie et la fatalité. Il suffit alors de faire preuve de détermination.
Enfin, le drame du film semble être une alarme déclenchée par le réalisateur (ou le scénariste) pour nous avertir que l’accablement ne peut mener qu’à une fin malheureuse, et qu’il est impératif de réagir!

mardi 26 mai 2009

Le joueur - Dostoievski

Le casino, c’est cet univers onirique confiné entre quatre murs où le noble éprouve - une fois n’est pas coutume - de l’empathie pour le traine-misère. Ainsi, le jeu devient cet allié infidèle sur lequel on se repose aveuglément. Car en chatouillant les narines du hasard, on se persuade qu’il est possible d’en percer les secrets. C’est en tout cas l’analyse que fait Dostoïevski dans ce roman « autobiographique » où, plus les personnages s’enlisent dans un maelström de défaites, plus leur appétit de jouer semble inextinguible! Comme le soutiennent les joueurs de Mah-jong, une partie n’a d’intérêt que lorsqu’on mise de l’argent. En une seconde le monde cesse littéralement de tourner et tout n’est que futilité excepté l'issue jeu ! C’est paradoxalement jubilatoire et oppressant, l’ivresse monte tandis que tous les membres sont pris de tremblements compulsifs et que le sol se dérobe sous nos pieds. La seconde d’après, tout devient irréel. Les chanceux se sentant porté par un souffle divin tandis que les malheureux sentiront leur être s’enfoncer dans les abîmes! Par ailleurs, cette œuvre satirique puise sa force dans la description caricaturale de citoyens venants de différents pays Européens (Français, Anglais, Polonais, Russes.) ainsi que dans une critique acérée portant sur la nature humaine. Finalement, on constate que le jeu accompagne une grande partie de nos actes. Dans la séduction, lorsqu’on recherche à s’attirer les faveurs d’autrui, qu’on teste leur crédulité, qu’on excite volontairement ses auditeurs par une argumentation provocatrice ou encore qu’on s’attèle à mettre à jour quelque secret, il s’agit toujours d’un jeu. Sans doute aux antipodes de ses autres livres, le ton léger arboré dans « le joueur » permet la succession de situations burlesques qui pourrait donner naissance à une formidable pièce de théâtre. On appréciera enfin l’élégance de ce personnage loufoque qu’est Alexis Ivanovitch (alter ego tout juste dissimulé de l’auteur) et l’évolution des sentiments qu’il nourrira pour Pauline.

jeudi 26 mars 2009

Forgotten silver, Peter Jackson (1995)

Forgotten silver, faux reportage mais vrai moment de plaisir, retrace la vie pour le moins atypique de Colin McKenzie, réalisateur maudit et génie du cinématographe.

Ce film est un merveilleux témoignage d’amour au septième art, et permet de découvrir ou redécouvrir les différentes étapes qui bousculèrent l’univers du cinéma. Les images volontairement vieillies sont véritablement spectaculaires et paraissent parfaitement authentiques. Par ailleurs, un humour subtil distraira le spectateur et fera de Forgotten silver une œuvre véritablement agréable à visionner.

Sans plus de commentaires, je vous invite à vous faire votre propre opinion de ce petit bijou servis d’une main de maitre par M. Peter Jackson.

Monde de Gloire, Roy Andersson (1991)


Dés les premiers instants, le ton est donné - Couleurs ternes, silence prolongé et scènes longilignes - engendrant des séquences affreusement insipides. Cependant, la première image que l’on a est presque insoutenable. Ainsi, la réaction du public est antagoniste à celle des protagonistes visiblement insensibles au portrait morbide qui se dresse devant eux. C’est comme cela qu’Andersson installe le malaise dans l’inconscient du spectateur, sentiment qui ne le quittera plus durant le quart d’heure que durera le court-métrage.

Par la suite, l’enchainement des scènes transmettra un message pessimiste sur la condition humaine à travers le témoignage de ce « courtier » qui lève le voile sur son intimité. Cette absence d’émotions qui s’amasse de scène en scène « déshumanise » littéralement l’espèce la plus évoluée. En effet, on est amené à se poser la question « Lorsque la société régit intégralement notre vie et que notre mort elle-même est anticipée, quel sens peut-on donner à l’existence ? ». Finalement, l’homme a annihilé l’humain. On s’emprisonne dans ce désir de stabilité perdant de vue l’essentiel ! De ce fait (pour en revenir sur l’analyse de Ravachol) un monde dénué d’art comme d’imprévu n’a plus aucune saveur, et si c’est le prix à payer pour avoir une place confortable dans les rangs, NON MERCI !!! On préféra alors une vie dissolue mais buvable… A l’aide de cette œuvre manichéenne, Roy Andersson conduira ses contemporains à se remettre en question.