dimanche 24 janvier 2010

Les raisins de la colère - Steinbeck



les raisins de la colère se gonflent et murissent,
 annonçant les vendanges prochaines

- Steinbeck -

A l’instar des personnages du roman « Des souris et des hommes », Steinbeck s’intéresse à nouveau à des hommes peu cultivés, en quête de lendemains meilleurs. Les avatars des Joad, présentés dans un style poétique, nous offrent une odyssée peignant la lutte des roturiers contre l’opprobre, le harcèlement et l’esclavage. Il s’agit de présenter une analyse poignante des vicissitudes accompagnant l’évolution d’une société libérale. Steinbeck puise dans la psychologie humaine pour en distiller le mécanisme, et ainsi éclabousser tous les acteurs de ce tableau. Il explique comment l’égoïsme et l’attrait du profit avili les puissants, lesquels rusent pour aliéner les travailleurs précaires. On distinguera aussi l’incompréhension des pauvres devant le machiavélisme dont ils sont victimes. La transformation de la crainte en mépris, ou parallèlement la solidarité qui se déploie chez les malheureux.

Loin d’une vision impartiale, Les raisins de la colère permet à son auteur de crier que l’homme doit vivre dignement, et qu’il doit avoir les mêmes droits quelque soit sa classe sociale. Enfin Steinbeck se révèle être un ardent humaniste qui crois fermement en la bonté de l’homme (ce qu’il met en scène à de nombreuses occasions), ainsi qu’un anarchiste potentiel qui devine l’homme apte à s’autogérer. Il semble pourtant désespéré de voir l’homme subir une litanie d’humiliation sans toute fois oser se révolter !

dimanche 10 janvier 2010

La grande bouffe (Marco Ferreri, 1973)


Ce spectacle, peinture de la décadence du monde civilisé se laissant engloutir par les plaisirs charnels, permet à Marco Ferreri de dresser un portrait caricaturale de l’homme moderne. C’est en effet sous les traits de pécheurs, immoralistes et libertins, qu’apparaissent les principaux protagonistes de cette métaphore. Plus encore, ce « vaudeville au vitriol » souille sans état d’âme les valeurs chères à l’occident en exhibant ces hommes aux mœurs légères qui ne témoignent d’aucun respect pour la monogamie ou encore la dignité humaine. Ainsi le personnage de Philippe (Philippe Noiret) reste inflexible. Malgré l’humeur scandaleusement libérée d’Andréa (Andréa Ferréol) il ne renoncera pas au mariage qu’il lui a promit. Le principal c’est le plaisir, rien d’autres n’a d’importance. C’est pourquoi les personnages affichent un comportement carpe diem exacerbé à l’outrance.

Par ailleurs l’œuvre est bâtit sur un parfait non-sens à l’image de cette autre citation de Philippe :
- Mange, sinon tu ne pourras pas mourir. Ce qui s’assimilerait comme étant une antinomie au vu des problèmes de sous alimentation connu comme un véritable fléau dans le tiers-monde. C’est dans la joie qui transparait sur les visages et dans les faits du groupe d’amis, réuni pour se donner la mort, que règne l’incohérence de cette fable.

Pour conclure, cette œuvre ne semble avoir qu’une finalité : Provoquer le croyant pour qu’il ne puisse plus détourner les yeux des démons qui le tourmentent. Et tant pis si il faut se moquer des valeurs judéo-chrétiennes pour en révéler l’hypocrisie. « Mieux encore », ce film fait l’apologie du péché (gourmandise, luxure) et affiche un profond mépris à l’égare de la religion (le mariage auquel tient tant Philippe malgré l’adultère). Ferréri cherche donc à détruire à grand coup de burlesque les fondements de la religion catholique pour atteindre enfin la LIBERTE ! Car il ne faut pas en douter, la grande bouffe est une parodie habile de la Cène. Ferréri semble nous dire :
- Si j’avais été Jésus, aux portes de la mort, j’aurais aimé mourir par le péché !