mercredi 24 septembre 2008

Paris, Texas (Wim Wenders, 1984)

La fin justifie t-elle la moyenne ?


Il est vrai que Paris, Texas est esthétiquement irréprochable tant les plans sont magnifiques. Malheureusement, le temps semble se figer lorsqu’on regarde un film aussi vide de vie ! Les scènes sont terriblement longilignes et les personnages mortellement ennuyeux. Il est des films qui savent insuffler au spectateur ce sentiment de mal-vivre sans pour autant l’anesthésier, mais ce n’est pas le cas de Paris, Texas.
L’histoire aurait put être culte si Wim Wenders avait trouvé une solution pour concilier la torpeur de la quête du personnage central - qui comporte beaucoup trop de zone d’ombres, même après la révélation finale –, avec l’intérêt nécessaire à captiver l’attention du spectateur.
Néanmoins, une grosse poigné de minutes est exquise. La scène des retrouvailles et des révélations entre Tarvis et Jane restera inoubliable, élégante et poignante. Cet homme qui casse le silence qui pèse depuis le début pour une tirade offre alors un passage merveilleux ! La fin quant à elle s’harmonise parfaitement avec le fil conducteur du film. N’en demeure pas moins qu’un assoupissement - justifié - aurait pu m’empêcher d’apprécier ce passage !
Je peux comprendre toute les bonnes critiques, seulement ce film ne peut pas s’apprécier sur l’instant mais au contraire après fermeture des rideaux et extinction des feux ! Dommage…

lundi 22 septembre 2008

Le temps des gitans (Kusturica - 1988)

Un jour le cinéma demanda à la musique de l’épouser, et de leur union naquirent une multitude d’œuvres parmi lesquelles se distinguaient celles d’Emir Kusturica. Dans le temps des gitans, les musiques tziganes transcendent tant les émotions véhiculées que les situations burlesques. Cette bande son lance une sorte d'enchantement au spectateur qui se laisse alors porter tout au long du film par l’entrelacement de rythmes et de mélodies.

Le temps des gitans est, dans un premier temps, un joli hommage au peuple tzigane. Cependant, et malgré la légèreté dont le film fait preuve, le sujet évoqué - prostitution et trafic d’enfant - est grave. La scène exhibant le viol d’une prostituée amènera alors le spectateur et le personnage central du film à prendre brutalement conscience de l’horreur de ce monde mafieux. Poétique, dramatique et drôle, Kusturica sait aussi bien jongler avec les sentiments qu’avec l’enchainement des images et des musiques !

Un seul petit reproche à apporter, la non constance du protagoniste incarné par Davor Dujmovic - Perhan - auquel il est difficile de s’identifier.

mercredi 17 septembre 2008

L'utopie selon Miyazaki


Déchirantes par leur cruauté, envoutantes par leur ambiance tant féérique que romantique et souvent très amusantes les œuvres de Miyazaki transportent le spectateur dans un univers inspiré du folklore nippon. Visionner un de ses films, c’est avant tout s’offrir un grand moment de divertissement. Pourtant n’y aurait-il pas un autre projet travestis derrière toutes ces histoires ?
Après avoir regardé plusieurs films du réalisateur japonais, on remarque qu’ils gravitent toujours autour de certains thèmes centraux. L’animation comme véhicule pour transmettre au monde les valeurs qui lui sont chères, voilà la seconde facette des œuvres de Miyazaki.

En effet, Miyazaki dénonce les méfaits du courant humaniste qui a semble-t-il perverti le cœur des hommes. Coupable de par son égocentrisme et sa soif de puissance, l’homme n’hésite pas à détruire la nature sans se soucier du caractère irréversible des ses actes. Pourtant Miyazaki n’en demeure pas moins un optimiste immuable. En effet, il garde foi en une espèce humaine pas entièrement mauvaise qui se soucie très souvent du bien être de ses semblables. L’homme n’aurait tout simplement pas conscience de l’impact engendré par ses méfaits. C’est ainsi que Miyazaki évite de tomber dans la facilité de présenter un combat entre le bien et le mal, pour nous livrer finalement une belle leçon de savoir vivre.
Cette volonté écologiste nous est aussi suggérée par la beauté des dessins représentant une nature accueillante et par la bonté des personnages qui la peuple. Malheureusement, quelque soit la sorcellerie, la ruse, la bravoure ou encore la sagesse dont ceux ci font preuves, l’homme finit toujours par avoir raison d’eux. C’est de cette manière que Hayao Miyazaki décide de responsabiliser l’homme, en lui faisant prendre conscience que l’avenir de la planète sera déterminé par les choix humains.

On remarquera aussi une quasi omniprésence des machines et de la technologie dans chacune de ses œuvres, et cette création semble être trop souvent l’objet d'hostilité et de malheur. Encore une mise en garde contre les avancés de la science ? Je n’en doute pas une seconde. Rappelons que le réalisateur est né au Japon en 1941, et qu’il a donc été confronté à l’horreur de la guerre. Il est donc compréhensible de retrouver une critique de la violence et un mépris des armes dans une majorité de ses œuvres.

On descellera enfin dans ces films, une touche de féminisme. En effet les héroïnes, souvent en rôle principal, ont une forte personnalité, et tant pis si pour cela on ne respecte pas la réalité de l’époque à laquelle l’histoire fait allusion. Miyazaki, derrière des films d’animation semblant être destiné au jeune public, serait alors un artiste engagé dont le souhait est d’impacter sur la sensibilité de toutes les générations afin de sauver l’avenir de la planète mais aussi celui son bourreau humain.