Dés les premiers instants, le ton est donné - Couleurs ternes, silence prolongé et scènes longilignes - engendrant des séquences affreusement insipides. Cependant, la première image que l’on a est presque insoutenable. Ainsi, la réaction du public est antagoniste à celle des protagonistes visiblement insensibles au portrait morbide qui se dresse devant eux. C’est comme cela qu’Andersson installe le malaise dans l’inconscient du spectateur, sentiment qui ne le quittera plus durant le quart d’heure que durera le court-métrage.
Par la suite, l’enchainement des scènes transmettra un message pessimiste sur la condition humaine à travers le témoignage de ce « courtier » qui lève le voile sur son intimité. Cette absence d’émotions qui s’amasse de scène en scène « déshumanise » littéralement l’espèce la plus évoluée. En effet, on est amené à se poser la question « Lorsque la société régit intégralement notre vie et que notre mort elle-même est anticipée, quel sens peut-on donner à l’existence ? ». Finalement, l’homme a annihilé l’humain. On s’emprisonne dans ce désir de stabilité perdant de vue l’essentiel ! De ce fait (pour en revenir sur l’analyse de Ravachol) un monde dénué d’art comme d’imprévu n’a plus aucune saveur, et si c’est le prix à payer pour avoir une place confortable dans les rangs, NON MERCI !!! On préféra alors une vie dissolue mais buvable… A l’aide de cette œuvre manichéenne, Roy Andersson conduira ses contemporains à se remettre en question.
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